157: Se faire des amis quand on est adulte
Judith et Axel parlent de l’amitié à l’âge adulte 😊 : comment elle évolue, comment on se fait de nouveaux amis, et ce qui peut freiner les rencontres.
Ils répondent aussi à une auditrice qui se demande si on peut facilement engager la conversation avec des inconnus en France 🤔.
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Show Notes
🎶 Musique / Chanson française
- Barbara (https://fr.wikipedia.org/wiki/Barbara) : chanteuse emblématique des années 60-70, évoquée dans La Minute Culture.
- Chanson “Göttingen” (https://www.youtube.com/watch?v=t0sNy1xOhRc) : composée après un séjour imprévu à Göttingen (Allemagne), symbole fort de réconciliation et d’amitié franco-allemande.
👉 Anecdote marquante (https://www.youtube.com/watch?v=2_YYT-6ykt8) : Barbara, juive cachée pendant la Seconde Guerre mondiale, refuse d’abord d’aller en Allemagne, puis change d’avis après l’accueil reçu dans cette ville.
📺 Média culturel
- Arte (https://www.arte.tv/fr/) : référence incontournable quand on parle d’amitié franco-allemande.
🗣️** Langue & expressions**
- Taxer une clope : expression familière française pour “demander une cigarette”.
Transcript
Intro
Judith:
[0:17] Bonjour Axel.
Axel:
[0:19] Bonjour Judith.
Judith:
[0:20] Comment ça va ?
Axel:
[0:21] Ça va très bien et toi ?
Judith:
[0:22] Ça va. On s'est retrouvés aujourd'hui, c'était un jour pluvieux, mais on est en studio pour enregistrer un épisode du podcast Easy French qui m'a été inspirée par le message d'une abonnée.
Becca:
[0:37] Bonjour Hélène, bonjour Judith. Je m'appelle Becca et je vis à New York, aux Etats-Unis. Merci beaucoup pour votre podcast. il m'a vraiment aidé à améliorer ma compréhension du français. Et j'attends toujours avec impatience chaque nouvel épisode. Je viens d'écouter celui sur les vacances et j'aimerais vous demander quelques conseils pour les miennes. Je vais passer une semaine seule en France, pas loin d'Avignon, avant de partir en Grèce pour des vacances avec ma femme. J'ai décidé de passer cette semaine seule parce que je peux travailler de n'importe où et j'ai trouvé un échange de maison gratuit. Alors, je me suis dit, pourquoi ne pas en profiter pour pratiquer le français ? Du coup, ma question, comment est-ce que je pourrais rencontrer des gens avec qui parler ? Aux États-Unis, on aime bien discuter avec des étrangers et ce n'est pas du tout bizarre. Mais est-ce que ça se fait aussi en France ? Je n'ai pas envie de déranger qui que ce soit et si je commence à parler avec quelqu'un en terrasse, par exemple. Merci d'avance et à bientôt !
Judith:
[1:42] Merci Béka pour ton message, on est très content de savoir que le podcast Easy French t'aide à apprendre le français. Nous allons commencer cet épisode, j'avais envie de parler de l'amitié en général et merci Béka de nous avoir inspiré ce sujet.
D'accord, pas d'accord
Judith:
[2:05] Pour commencer cet épisode, j'ai eu envie d'introduire une nouvelle section que j'ai appelée D'accord, Pas d'accord. Je vais simplement te dire quelques phrases en rapport avec l'amitié et tu vas me dire de façon un peu simpliste si tu es d'accord ou pas d'accord et puis on pourra en discuter par la suite. Ça te va ?
Axel:
[2:24] Très bien.
Judith:
[2:25] Alors Axel, les vraies amitiés les plus solides sont celles qui durent depuis l'enfance. D'accord ou pas d'accord ?
Axel:
[2:34] Je ne suis pas d'accord avec cette phrase parce que je pense qu'il y a des exceptions (Ok). Tu peux très bien rencontrer des gens après l'enfance, quand tu es adulte et finalement ça devient des amis très proches et pour moi elles sont tout aussi solides que celles qui sont là depuis le début, c'est-à-dire l'enfance.
Judith:
[2:51] Ok. Et inversement, est-ce qu'on pourrait dire que parfois il y a des amitiés qui durent depuis l'enfance qui sont en fait un peu abîmées de disputes, de non-dits et finalement c'est des gens avec qui on continue d'être amis même si on aurait envie de plus l'être.
Axel:
[3:08] Ça dépend du contexte. Il peut y avoir des gens, effectivement, avec lesquels on est amis depuis l'enfance et avec lesquels on souhaiterait ne plus être amis. Mais je pense que l'amitié est telle qu'on sait quand elle doit cesser et qu'on fait en sorte qu'elle cesse consciemment ou inconsciemment.
Judith:
[3:26] Ok. Alors, ça m'emmène à ma deuxième question. Axel, est-ce que tu penses qu'une rupture amicale peut être plus douloureuse qu'une rupture amoureuse ?
Axel:
[3:35] Oui, je suis d'accord. Alors, s'il fallait détailler un peu, je dirais que l'amitié est aussi un sentiment qui est fort, parfois aussi fort que l'amour, et donc une rupture amicale peut être encore plus douloureuse qu'une rupture amoureuse. Et toi, qu'en penses-tu, Judith ?
Judith:
[3:49] Je suis vraiment d'accord avec toi. L'amitié, souvent, c'est un lien très profond, et parfois aussi qui dure depuis très longtemps, et se séparer d'un ou une amie, ça peut faire vraiment très mal. Troisième question, Axel. On peut être amie avec un ou une ex ?
Axel:
[4:05] Oui. Je te vois hocher la tête, je ne sais pas si tu es d'accord ou pas d'accord. Je pense que tu es d'accord.
Judith:
[4:10] Je suis d'accord, mais ça ne m'étonne pas de toi. Mais je pense qu'il y a des gens qui diraient que c'est impossible.
Axel:
[4:16] Oui, je comprends leur point de vue. Je comprends tout à fait que quand tu as ton partenaire ou ta partenaire et que tu sais que cette personne est encore amie avec son ex, tu peux ressentir un petit peu de jalousie au fait qu'ils aient partagé une intimité. Mais moi, je ne le vois pas nécessairement comme ça. J'ai des amis qui sont mes ex. C'est pour ça aussi, peut-être.
Judith:
[4:36] Je suis d'accord avec toi, tout dépend de la relation qu'on a eue, tout dépend de comment la séparation s'est passée. Je ne pense pas qu'il y ait de loi acceptable qui dise qu'on ne peut pas être amis avec quelqu'un avec qui on a partagé une certaine intimité.
Axel:
[4:49] Oui, et puis c'est comme tout, ça évolue.
Judith:
[4:51] Exactement. Dernière question. C'est difficile de se faire des amis quand on est adulte. D'accord ou pas d'accord ?
Axel:
[4:57] Ma première intuition me dirait d'accord, mais ma seconde intuition me dirait pas d'accord. Et je pencherai plus sur le pas d'accord. Je pense pas que ce soit difficile de se faire des amis quand on est adulte. Je pense que c'est difficile d'aller vers les gens quand on est adulte.
Judith:
[5:15] Je crois que tu viens de résumer tout mon argumentaire de cet épisode, donc à bientôt les amis ! Je pense aussi que c'est pas si difficile qu'on pense et qu'il y a beaucoup de gens qui se sentent seuls et qui simplement n'arrivent pas à aller vers les autres de peur d'être rejetés.
Axel:
[5:32] Oui, et puis quand tu compares avec un enfant, c'est facile. Tu partages ta pelle et ton râteau et c'est bon, t'es copain. Quand t'es adulte, tu partages ta pelle et ton râteau et vous cultivez des rosiers.
Judith:
[5:41] C'est pareil finalement.
Axel:
[5:45] C'est pareil, mais c'est pas les mêmes outils, c'est tout.
Le sujet de la semaine
Judith:
[5:53] Après cette courte introduction, j'en reviens à ce thème de l'amitié. Alors déjà, c'est quoi l'amitié ?
Axel:
[6:00] Je définirais l'amitié comme déjà un sentiment assez partagé. Tu ne peux pas être ami avec quelqu'un si cette personne n'est pas amie avec toi. Ce n'est pas comme l'amour où tu peux aimer quelqu'un sans que cette personne ne t'aime en retour. Après, je pense qu'il y a plusieurs types d'amitié. Et sans catégoriser nécessairement. On a effectivement des amis qui sont beaucoup plus proches que d'autres et auxquels on peut se confier plus facilement, je sais pas si t'es d'accord (oui, oui). Tandis que d'autres ressemblent plus à des connaissances ou à des gens qu'on fréquente occasionnellement.
Judith:
[6:38] Je suis d'accord. Moi je les vois un peu comme des cercles qu'on a un peu autour de nous, et dans les cercles les plus proches j'ai l'impression qu'il y a peu de gens et plus les cercles s'agrandissent et plus il y a des gens, on a très, très peu d'amis très proches, un peu plus d'amis proches, et puis on a beaucoup de connaissances, beaucoup de gens avec qui on est en lien, mais avec qui on n'est pas forcément extrêmement proches.
Axel:
[7:06] Tu connais, c'est une théorie qui s'appelle le cercle des amitiés.
Judith:
[7:09] Non, je ne connais pas.
Axel:
[7:11] Et qui dit qu'on peut connaître à peu près entre 2000 et 3000 personnes desquelles on peut se rappeler. Et donc, ça va des connaissances de noms, connaissances, amis, bons amis, meilleurs amis, amis proches et intimes (Ok). Et donc, ceux qui rentrent dans la catégorie amis, ça peut, selon cette théorie, aller de 200 à 230 personnes.
Judith:
[7:35] Wow ! Est-ce que ce seraient les fameux « friends » en Facebook ?
Axel:
[7:39] C'est possible, oui. En tout cas, c'est des amis avec lesquels, je pense, tu peux partager des choses occasionnellement, comme sortir, aller au bowling.
Judith:
[7:47] Et tu sais, je pense qu'il y a des gens qui n'ont pas forcément beaucoup de gens dans leur cercle intime, mais qui peuvent avoir beaucoup de connaissances ou de ces fameuses amitiés avec qui on partage des bons moments. Toi, tu penses que c'est quoi ton rapport à l'amitié ? Est-ce que tu as beaucoup de gens très proches de toi et très peu de connaissances ? Ou tu gravites autour de beaucoup de gens, mais finalement, tu ne laisses personne vraiment entrer dans ton intimité ?
Axel:
[8:11] Il y a pas mal de gens dans mes différents cercles, personnellement. Après, je pense qu'avec la plupart de ces personnes, on a une vision assez similaire de l'amitié. C'est-à-dire qu'on peut ne pas se parler, se voir pendant plusieurs semaines, plusieurs mois, parce qu'on sait qu'on a des activités différentes, qu'on a des emplois du temps différents et oui, qu'on ne peut pas nécessairement être en contact quotidiennement ou de manière hebdomadaire. Mais quand on se voit, il y a ce sentiment d'amitié comme une personne qu'on verrait tous les jours ou quasi tous les jours.
Judith:
[8:44] Tu lui dirais, la dernière fois qu'on s'est vus, j'ai l'impression que c'était hier.
Axel:
[8:49] Oui. Clairement.
Judith:
[8:50] C'est marrant parce que j'ai failli mettre ça dans d'accord, pas d'accord. Est-ce qu'on peut ne pas se voir pendant des mois, des années, et considérer qu'une personne est quand même notre amie ?
Axel:
[8:59] Moi, je pense que oui.
Judith:
[9:00] Oui. Il y a des gens qui peuvent penser que l'amitié, c'est quelque chose qui doit beaucoup s'entretenir.
Axel:
[9:05] Je pense que oui, on doit l'entretenir, mais pas comme du carrelage. Ce que je veux dire par là, c'est que pour moi, c'est un acte qui est naturel, l'entretien. C'est pas quelque chose qui demande un effort. C'est pas comme te dire, je vais nettoyer ma cuisine ou je vais nettoyer ma salle de bain (Ok). C'est plus discuter, partager des moments ensemble. Et qu'importe la durée de ces moments ou la fréquence de ces moments, tant que ces moments sont qualitatifs. Parce que je pense que t'as des gens autour de toi que tu n'apprécies pas nécessairement, mais que tu es obligé de voir souvent. Et donc ces personnes que tu dois voir souvent, mais avec lesquelles tu n'as pas nécessairement une bonne relation, ou avec lesquelles tu ne passes pas nécessairement un bon moment quand tu les vois, est-ce que tu les considères comme tes amis, même si le moment que vous passez ensemble n'est pas qualitatif ?
Judith:
[9:54] Clairement, non.
Axel:
[9:55] Est-ce qu'on définit l'amitié comme quelque chose de quantitatif ou qualitatif ? Je ne sais pas.
Judith:
[10:00] Je ne pensais pas parler de ça, mais c'est vrai qu'on n'a pas le même âge. Et en fait, c'est vrai que quand on vieillit, on a vraiment de moins en moins de temps pour passer du temps avec ses amis. Et donc, parfois, j'ai quand même l'impression qu'il y a un effort à faire de se dire je vais prendre des nouvelles de telle personne là comme ça, c'est pas forcément la chose dont j'ai envie mais il le faut parce que je tiens à cette amitié et il faut que j'entretienne un peu notre lien. Parce qu'en fait parfois on est tellement noyé dans le quotidien qu'on pourrait passer un an sans parler à quelqu'un qu'on apprécie.
Axel:
[10:32] Ouais je suis d'accord. Mais mon avis c'est pas nécessairement une question d'âge.
Judith:
[10:36] Peut-être ça dépend, ouais. En tout cas pour moi c'est ça. Parfois je me dis vraiment là il faut que je fasse des efforts parce que ça fait longtemps que j'ai pas pris des nouvelles d'une personne. Et alors du coup, on parle d'âge. J'ai réfléchi à la question de Becca et je me suis dit comment est-ce qu'on pourrait se faire des amis en tant qu'adulte ? Et il y a un truc qui m'est venu à l'esprit assez naturellement, c'est faire des choses qu'on aime pour trouver des gens qui partagent les mêmes passions que nous. Qu'est-ce que tu en penses ?
Axel:
[11:01] Oui, à mon avis, c'est le meilleur vecteur pour rencontrer des nouvelles personnes et partager des choses avec elles, quelque chose qui vous intéresse tous les deux (Ouais). Comme le karaoké.
Judith:
[11:10] On commence à te connaître, on sait que tu aimes le karaoké.
Axel:
[11:13] J'adore le karaoké. C'est un très bon moyen de rencontrer des gens, Becca.
Judith:
[11:17] C'est vrai ?
Axel:
[11:17] Je pense, oui.
Judith:
[11:18] Oui, parce que c'est vrai qu'on ne se prend pas au sérieux dans un karaoké.
Axel:
[11:21] Tu te montres tel que tu es, finalement, quand tu es naturel. Comme si tu étais sous ta douche.
Judith:
[11:27] C'est ça, tu es un peu vulnérable. Voilà, alors du coup, tu me dis que ce n'est pas en rapport avec l'âge, mais je pense quand même que quand on a des enfants, etc., on est souvent beaucoup pris dans le quotidien. Et je pense que quand on a un bon feeling avec quelqu'un, on peut lui proposer d'aller boire un café, d'aller voir une expo. Voilà, je donne des exemples. Je pense qu'il ne faut pas avoir peur de relancer les gens si on n'a pas eu de réponse positive tout de suite. Parce que quand on est débordé, on n'a pas forcément le temps de répondre. Et ça ne veut pas dire qu'on n'a pas envie. Et je ne pense pas qu'il faille se braquer et se dire, cette personne n'a pas répondu, je ne la relance plus.
Axel:
[12:02] Oui, je suis d'accord. Après, ça dépend aussi de la relation que vous avez. Si c'est une personne que tu sais très occupée, peut-être que c'est normal qu'elle puisse pas toujours se dégager du temps. Après, si ça devient tout le temps...
Judith:
[12:15] Bien sûr. Mais je pense qu'il faut pas avoir peur de relancer, quand même.
Axel:
[12:18] Non, non, clairement pas. Ça peut arriver que t'aies pas envie, ou juste tu puisses pas.
Judith:
[12:25] Ouais. On disait au tout début qu'effectivement, quand on est tout jeune, il suffit de prêter sa pelle, son râteau, et très rapidement, il y a un lien qui se crée. Et même quand on est adolescent, c'est vrai qu'on a beaucoup de temps libre. Une fois, on m'a dit qu'on devenait amis quand on passait du temps ensemble à rien faire. Et c'est vrai que quand on grandit, on a moins de temps qu'on peut passer à rien faire quand on a plus de responsabilités. Et je crois qu'il faut aussi accepter que devenir ami quand on est adulte, ça peut prendre un peu plus de temps que quand on est plus jeune.
Axel:
[12:58] Oui, je pense que c'est normal. tu n'as pas nécessairement le même temps et la même disponibilité, mentale, émotionnelle, je ne sais pas pour rencontrer des nouvelles personnes et te faire de nouveaux amis et effectivement je pense que quand tu es plus jeune c'est beaucoup plus facile déjà parce que tu es quotidiennement quand tu es au collège ou au lycée avec des gens qui ont ton âge et qui probablement partagent les mêmes centres d'entérêt que toi. Alors que quand tu es au travail ou dans le métro tu n'as pas nécessairement envie de rencontrer de nouvelles personnes et de lier d'amitié avec elles.
Judith:
[13:31] Autre question, Axel. Est-ce que tu crois au coup de foudre amico ?
Axel:
[13:35] Oui, je pense que c'est quelque chose qui peut arriver. Tu tombes sur quelqu'un. J'ai plein d'exemples comme ça, de gens que j'ai rencontrés de manière totalement incongrue. Et finalement, vous vous rendez compte que vous partagez énormément de choses.
Judith:
[13:48] Comme quoi ?
Axel:
[13:49] Je ne sais pas. Moi, ça peut être la musique, des discussions, l'humour. Moi, c'est une chose avec laquelle je fonctionne beaucoup. et donc vous pouvez très rapidement lier une relation comme avec quelqu'un que tu connais depuis des années, c'est ce que j'appellerais un coup de foudre, finalement.
Judith:
[14:04] Ok. Je suis d'accord avec toi, mais encore une fois je pense qu'il faut être assez ouvert pour que ça arrive. Il faut montrer ce qu'on aime au final. Tu parlais de l'humour, il faut ne pas avoir peur de faire une blague qui peut échouer, il faut ne pas avoir peur de dire qu'on aime telle musique, si on a des goûts affirmés et de se dire ce ne sera pas forcément des goûts partagés par tout le monde, mais il y aura peut-être quelqu'un qui aura les mêmes goûts que moi, et si je le fais pas savoir...
Axel:
[14:32] Personne le saura.
Judith:
[14:33] Ouais.
Axel:
[14:34] Mais tu vois, ça revient à ce qu'on disait au tout début, c'est-à-dire que finalement, c'est peut-être pas une question, d'âge, mais c'est peut-être juste une question d'appréhension, c'est pas nécessairement une difficulté de se faire des amis, c'est plutôt faire le pas pour se faire des amis (oui). Mais après, il y a toujours des gens qui veulent pas s'ouvrir et qui finalement restent toutes seules et qui n'ont pas envie d'avoir de nouvelles connaissances.
Judith:
[14:58] Oui. Bon, avec tout ça, Axel, nous n'avons pas répondu à la question de Becca. Elle va être une semaine en France et elle se demandait si elle pouvait comme ça commencer à parler à la terrasse d'un café pour se faire des amis. Qu'est-ce que tu en penses ?
Axel:
[15:12] Je pense que c'est une démarche courageuse.
Judith:
[15:15] En fait, elle faisait le parallèle avec son pays d'origine, où on peut facilement parler avec des gens comme ça à la terrasse d'un café et discuter. Et c'est vrai qu'en France, on n'est pas des grands adeptes du small talk comme ça.
Axel:
[15:27] Ça dépend sur qui tu tombes. Je ne sais pas pourquoi ça m'arrive à moi, mais j'ai une tête où les gens viennent me parler.
Judith:
[15:32] C'est vrai ?
Axel:
[15:33] Oui, c'est assez marrant d'ailleurs. Donc, ça dépend de ce qu'elle renvoie comme image. Si c'est une personne qui a l'air accueillante, sûrement qu'elle n'aura aucun souci à discuter avec des gens à la terrasse d'un café. C'est même plutôt très probable.
Judith:
[15:48] Oui, je dis qu'on n'est pas très adepte du small talk, mais on n'est pas fermé. Les Français restent quand même des gens assez ouverts à la discussion.
Axel:
[15:55] Oui.
Judith:
[15:56] Et effectivement, je pense qu'il ne faut pas hésiter à engager une conversation avec des inconnus. Je veux dire que ce ne sera pas aussi fluide qu'aux Etats-Unis, je pense.
Axel:
[16:05] Non, je ne suis pas nécessairement d'accord. Je pense que si on montre une ouverture, si on fait un premier pas vers quelqu'un qu'on s'intéresse à elle, elle sera de suite plus encline à discuter avec nous et finalement à tisser un lien. Et ça restera du small talk parce qu'il y a, je ne sais pas, 95% de chances que ça n'aille pas plus loin. Mais il y a quand même 5% de chance que ça aille plus loin. Et que ça débouche sur une amitié ou quelque chose d'autre (oui). Mais encore une fois ça dépend sur qui tu tombes, et comment la personne interprète ça.
Judith:
[16:37] Écoute Becca tu nous tiendras au courant.
Axel:
[16:41] Après si t'es de passage à Paris et que tu nous croises à la terrasse d'un café, tu verras qu'on a menti.
Judith:
[16:45] On n'est pas sympa.
La minute culture
Judith:
[16:54] Alors Axel, quand on a préparé cet épisode, tu m'as confié avoir une anecdote à partager sur l'amitié franco-allemande. Nous t'écoutons.
Axel:
[17:03] Oui, c'est par rapport à une chanson que j'apprécie beaucoup, d'une chanteuse que j'apprécie beaucoup, Barbara, donc qui est très connue en France, évidemment, immense monument de la chanson française des années 60 et 70. Elle a écrit une chanson et interprétée une chanson qui s'appelle Göttingen. Sauf que cette chanson n'aurait jamais dû voir le jour, puisque Barbara détestait l'Allemagne, elle ne voulait jamais visiter l'Allemagne, elle ne voulait jamais entendre parler de l'Allemagne, parce qu'elle était juive et qu'elle a dû se cacher à Paris pendant la Seconde Guerre mondiale, durant toute la Seconde Guerre mondiale. Sauf que, un jour où elle se produisait à Paris, dans un petit cabaret, un directeur de théâtre allemand, Hans Gunther Klein, l'a écoutée et en fait lui a proposé de venir à Göttingen pour interpréter ses chansons dans le théâtre qu'il dirigeait. Au début, Barbara était réticente, puis elle a fini par accepter, avec une seule condition, c'était qu'il y ait un piano à queue. Alors, pourquoi un piano à queue, vas-tu me dire, Judith ?
Judith:
[18:06] C'est une drôle de condition.
Axel:
[18:07] C'est une très drôle de condition. c'est parce qu'il y a deux types de pianos donc les pianos à queue et les pianos droits et quand tu as un piano droit tu ne vois pas ton public (d'accord). Donc elle voulait absolument un piano à queue pour voir son public. Donc le directeur Hans Gunther Klein a accepté sa requête sauf que quand elle arrivait à Göttingen au théâtre elle a vu que c'était un piano droit. Donc le concert ne devait pas avoir lieu puisque le contrat n'avait pas été respecté et qu'elle voulait de suite rentrer à Paris, et en fait c'est grâce à dix étudiants qui ont trouvé un piano à queue chez les parents d'un de ses étudiants, qui l'ont ramené eux-mêmes parce qu'il y avait une grève des déménageurs de piano à Göttingen ce jour-là. Le concert a démarré avec plus de deux heures de retard et ça a été un énorme tabac.
Judith:
[18:52] C'est-à-dire un succès ?
Axel:
[18:52] Un succès, oui. Et elle a été tellement surprise par cet accueil qu'elle a décidé de rester une semaine de plus à Göttingen. Au début, elle ne voulait absolument pas voir la ville parce qu'elle ne voulait rien voir de l'Allemagne. Finalement, les étudiants l'ont amenée visiter la ville. Elle a vu la maison des frères Grimm, elle a vu la beauté de la ville et surtout, elle a été surprise par les connaissances en français des étudiants allemands. Finalement, elle a écrit une chanson qui est une des seules chansons anti-militaristes ou militantes, en tout cas, de son répertoire, justement, sur la beauté de la ville de Göttingen et sur l'amitié franco-allemande.
Judith:
[19:32] Cette anecdote est absolument incroyable. On vous mettra bien sûr le lien vers cette chanson donc Göttingen de Barbara qui est absolument sublime et puis en rapport avec l'amitié franco-allemande on ne peut pas ne pas mentionner "Arte". Comme ça, ça vous fait deux références culturelles,
J'ai capté
Judith:
[19:54] Alors, j'ai une question pour toi, Axel. Quand est-ce qu'on capte, quand est-ce qu'on comprend que l'on est devenu ami avec un Français ?
Axel:
[20:03] Quand il propose de se revoir.
Judith:
[20:05] Pour toi, quand tu vois quelqu'un et qu'il te propose de te revoir, c'est qu'un lien s'est tissé.
Axel:
[20:11] Ouais.
Judith:
[20:12] Moi, il y a un signe. Parce que ça m'est arrivé très récemment, c'est pour ça. Pour moi, quand un Français vous invite chez lui, c'est que vraiment, on met un pied dans son intimité et qu'on devient quand même ami. Alors, il y a des gens qui peuvent inviter très facilement chez eux, mais quand même, je trouve que ça veut dire quelque chose en France.
Axel:
[20:30] Oui, oui, clairement.
Judith:
[20:31] T'inviterais quelqu'un chez toi que tu ne considères pas comme un ami ?
Axel:
[20:35] Non, parce que tu rentres dans un cadre d'intimité, on ne peut pas faire plus intime que la maison de quelqu'un. Je pense aussi quand un Français vous enlace.
Judith:
[20:46] Oh !
Axel:
[20:47] Parce que c'est assez rare.
Judith:
[20:49] Et oui, le hug à l'américaine, ça n'existe pas. Non.
Axel:
[20:53] La bise c'est assez, bon, classique, mais...
Judith:
[20:55] Quand un français vous prend dans ses bras, effectivement, c'est que vous êtes devenu proche. Sinon ça n'arrive pas (ouais). C'est vrai que la bise peut choquer plein de gens, alors que c'est un geste complètement anodin et banal ici. Alors qu'un câlin, un hug, ça n'arrive jamais. Parfois c'est vrai quand on va dans d'autres pays, on se fait prendre dans les bras comme ça par des gens qu'on connait pas, et ça peut être hyper heurtant, je trouve, en tant que français.
Axel:
[21:19] Ouais. C'est vraiment pas la même culture et nous le hug c'est qu'il y a un lien qui s'est tissé, quoi (ouais), ou quelque chose. En tout cas une proximité entre les deux personnes.
Judith:
[21:27] Ouais, très intéressant.
Les ondes joyeuses
Judith:
[21:34] Pour finir sur une note positive, Axel, est-ce que tu pourrais nous raconter la dernière fois que tu t'es fait un ami en tant qu'adulte ?
Axel:
[21:43] Ce n'est pas nécessairement le plus récent, mais en tout cas, c'est celui qui m'a le plus marqué, on va dire, sur les derniers mois. Et en fait, c'est quelqu'un que j'ai rencontré dans mon master, qui a dix ans plus que moi. On est devenus amis assez rapidement. Au début, je ne l'aimais pas trop (Ok), parce qu'il n'arrêtait pas de me taxer des clopes.
Judith:
[22:01] Ah, donc te taxer des clopes, ça veut dire te demander des clopes.
Axel:
[22:03] Oui. Il me demandait des cigarettes. Et moi, je pensais que c'était quelque chose d'assez intéressé. Puis, en fait, il avait beaucoup de galères. Donc, on l'hébergeait aussi à tour de rôle dans le master. Parce qu'il vivait à Paris, en fait. Et on était au Havre. Donc, il n'avait pas de logement au Havre. Donc, il était hébergé chez des personnes. Et en fait, moi, je pensais que c'était juste un mec qui s'en foutait. Et voilà, qui était là pour faire ça. Et puis, au fil de soirées, de bouteilles de vin, de discussions, on est devenus amis très, très proches. Et après, il a emménagé dans l'appartement où j'habitais. Et donc là, c'était... voilà, on était ensemble. Dans des très bons moments et dans des très mauvais moments aussi. Mais c'est une amitié qui vraiment m'a marqué, parce que j'ai rarement rencontré quelqu'un comme ça. Donc maintenant, il connaît tout le monde autour de moi.
Judith:
[22:50] Il s'appelle comment ?
Axel:
[22:51] Aymerrick's.
Judith:
[22:52] Emmerix ? Avec un X ?
Axel:
[22:54] A-Y-M-E-R-R-I-C-K-'S. Il est congolais.
Judith:
[23:00] Waouh !
Axel:
[23:00] Et là, il vient d'avoir un enfant. Il connaît ma mère aussi.
Judith:
[23:04] Ok, donc vraiment, vous êtes devenu très proche.
Axel:
[23:07] Ouais, on est devenu très proche parce qu'on partageait beaucoup d'idéaux en commun. Et puis, on avait des discussions interminables, de jour comme de nuit. Parfois, on se retrouvait à 4 ou 5 heures du matin parce que tous les deux, on n'arrivait pas à dormir. On se disait, on va aller faire une promenade, des choses comme ça. Et donc, c'est devenu quelqu'un d'essentiel. Et toi, Judith ?
Judith:
[23:26] Moi, j'ai une histoire, mais qui est beaucoup moins impressionnante que celle-ci. Quand on devient parent, on passe par cette étape obligatoire des sorties au parc et on rencontre des parents. Et il y a des parents avec lesquels je me suis bien entendue qui ont un enfant du même âge que mon fils, vraiment à deux semaines près, quoi. Et en fait, à force de se voir tous les jours, de discuter, de se rendre compte qu'on habite à une rue d'écart, on est devenu très proche. Et donc, souvent, on se retrouve au bar du coin avec les enfants pour prendre une citronnade, une planche de fromage. Et on essaye de faire en sorte que nos enfants deviennent copains, même si c'est très compliqué à deux ans et demi. Et justement, c'est eux qui nous ont invités chez eux, finalement, de façon totalement improvisée. Est-ce que vous voulez passer à l'appart, prendre l'apéro, prendre un verre ? Et donc, on est rentrés chez eux et on a vraiment eu cette sensation de rentrer comme ça dans leur intimité. Et on s'est dit, ah ok, on est vraiment devenus amis, voilà.
Axel:
[24:25] Oui, je pense que c'est un bon vecteur aussi, les enfants, pour tisser des amitiés avec des adultes.
Judith:
[24:30] Je pense qu'on ne les aurait jamais rencontrés autrement, quoi.
Axel:
[24:33] Oui. Puis, je ne sais pas si tu as ce souvenir, quand tu avais des amis enfants, les parents devenaient amis et tu voulais aller chez eux, chez elles, et puis les parents finissaient par tisser des liens, quoi.
Judith:
[24:42] Ma mère, elle a une copine qui était la mère d'une de mes amies et elles sont toujours en contact, alors que nous, plus du tout. Bon, eh bien, écoute, Axel, merci beaucoup d'avoir discuté avec moi sur ce sujet et puis d'avoir partagé des anecdotes personnelles ou non. C'était très intéressant.
Axel:
[24:58] Merci à toi.
Judith:
[24:59] Et puis, nous, on va continuer à papoter dans le bonus. Pour ceux qui sont membres du podcast Membership, vous avez 10 minutes de conversation bonus où on continue à parler de ce sujet parce qu'on a encore pas mal de choses à vous dire. Et puis, pour les autres, on vous dit à la semaine prochaine.
Axel:
[25:14] À bientôt.
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