SOMMET D’ALASKA : CE QUE SIGNIFIE VRAIMENT LA RENCONTRE HISTORIQUE ENTRE TRUMP ET POUTINE | GPTV
Le 24 août 2025, Dimitri de Kochko et François Martin étaient les invités du Libre Journal de Géopolitique Profonde animé par Nicolas Stoquer.Dimitri de Kochko est journaliste, réalisateur et militant associatif. Acteur incontournable des relations franco-russes, il préside Stop Russophobie et a fondé l’association France-Oural. Il est aussi à l’origine du Prix Russophonie et des Journées du Livre Russe. Son expertise éclaire le récent désengagement de Moscou en Syrie.François Martin est géopolitologue, journaliste et essayiste, diplômé de l’ESSEC, de l’EMBA HEC, et auditeur de l’IHEDN et de l’INHESJ. Fort de 40 ans dans le commerce alimentaire international, il a couvert plus de 100 pays, parle six langues et est reconnu pour ses analyses internationales pointues.Retour à une logique bipolaireLa rencontre en Alaska a marqué un tournant sur la scène internationale. Le cadre militaire choisi, entre avions de chasse et ambiance martiale, a symbolisé le retour à une logique bipolaire, rappelant la guerre froide.En excluant l’Europe, États-Unis et Russie ont réaffirmé leur statut de superpuissances capables de redessiner seuls les équilibres mondiaux. Le dialogue, bien que tendu, reste vivant, désormais sans véritable rôle pour les alliés européens, relégués à l'exécution.Ce retour à une bipolarité questionne l’avenir du système international. Après l’unilatéralisme américain et l’émergence du multipolarisme, le monde semble transiter vers une phase dominée par deux pôles principaux, forçant les autres à s’aligner ou à subir. Le silence sur certains chefs d’État fut révélateur : l’Europe fut absente des échanges, tandis que l’Ukraine devint une simple variable d’ajustement, tributaire de Moscou et Washington.Le temps long contre l’urgenceUne opposition centrale réside dans le rapport au temps. Washington, sous pression électorale, cherche une sortie rapide de crise pour montrer des résultats. Moscou, au contraire, inscrit son action dans la durée, misant sur l’usure.Cette asymétrie fragilise les États-Unis, contraints à faire des concessions, alors que la Russie parie sur la lenteur et l’érosion de l’adversaire. Celui qui détient le temps, et non la montre, domine la partie. La question reste de savoir si les Américains céderont aux demandes russes ou maintiendront une ambiguïté risquée. Le sommet du 3 septembre à Pékin pourrait offrir un cadre à ce basculement.L’Europe marginaliséeL’Europe a été marginalisée. Réduite à commenter des décisions prises sans elle, elle devient spectatrice de son destin, dépendante militairement et économiquement des États-Unis.Ni la France, ni l’Allemagne, ni Bruxelles n’ont pesé dans les discussions. Leurs critiques n’y changent rien : elles ont perdu la main. L’Union européenne poursuit des sanctions qui affaiblissent ses économies tandis que les États-Unis continuent à coopérer avec la Russie sur des secteurs clés.L’illusion d’une autonomie stratégique européenne s’effondre. L’Europe s’enferme dans une posture sacrificielle, incapable de reconnaître que ses intérêts ne coïncident plus ni avec ceux de Washington, ni avec ceux de Moscou. Le sommet de septembre à Pékin pourrait acter son exclusion définitive du nouveau partage mondial.Support the showNe vous laissez plus manipuler par des élites déconnectées du réel. Découvrez la revue mensuelle Géopolitique Profonde.https://geopolitique-profonde.com/