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  • Entre Poutine et Trump, comment construire l’Europe puissance ? (version intégrale)
    À l’occasion de la Journée de l’Europe célébrée place de la République, à Paris, nous vous proposons un grand débat public et télévisé, réalisé en partenariat le bureau en France du Parlement européen, la représentation de la Commission européenne et la Mairie de Paris. Il y a 75 ans que la déclaration de Robert Schumann donnait le feu vert à une construction européenne originale et inédite. Aujourd’hui, l’Union européenne semble entourée de puissance rivales et agressives, décidées à dicter leur loi - à commencer par la Russie de Vladimir Poutine, qui a envahi l’Ukraine il y a trois ans, et les Etats-Unis de Donald Trump. Le retour de l’ancien président américain aux affaires interroge, cet ami imprévisible et inconstant nous ayant déclaré une guerre commerciale. L’UE est-elle condamnée à rester un géant économique, mais un nain politique ? Comment peut-elle grandir en parlant d’une seule voix sur ces chapitres ? Pour en débattre, nous recevons quatre députés européens :- Aurore Lalucq, députée européenne française issue de Place publique, présidente de la Commission des Affaires économiques et monétaires au Parlement européen- Nathalie Loiseau, députée européenne française du groupe centriste Renew Europe, ancienne ministre des Affaires européennes et présidente de la Commission spéciale sur le bouclier européen de la démocratie au Parlement européen- Daniel Freund, député européen allemand du groupe les Verts- Javier Moreno Sanchez, député européen espagnol, du groupe des Socialistes et Démocrates Emission préparée par Perrine Desplats, Isabelle Romero et Luke Brown
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  • F.-X. Bellamy : "Les Etats-Unis ne sont pas nos suzerains, nous ne sommes pas leurs vassaux"
    Nous recevons François-Xavier Bellamy, député européen (LR) et vice-président du Parti populaire européen au Parlement européen. Renforcement de la défense européenne, politique migratoire et unité des Vingt-Sept, il commente les défis à relever par l’Union européenne. L’Allemand Friedrich Merz, président du Parti démocrate-chrétien, parti de droite, a été élu chancelier dans la douleur. À la surprise générale, un second tour de scrutin au Bundestag a été nécessaire pour que les députés le portent au poste de chef du gouvernement. Cette situation inédite illustre la fragilité du chancelier allemand et de sa coalition.  À voir aussiFriedrich Merz élu chancelier allemand, mais au second tour : "C'est un très mauvais signe""Il a été élu assez largement pour avancer"François-Xavier Bellamy, député européen au sein du Parti populaire européen (PPE), dans lequel le parti de Friedrich Merz siège, voit cette élection comme un tournant dans la relation franco-allemande : "Il a été élu assez largement pour avancer. Comment est-ce que nous avançons dans la reconstruction d'un dialogue franco-allemand solide et sérieux ? Olaf Scholz avait été extrêmement en deçà de ce que nous devrions pouvoir attendre d'un chancelier allemand. Il a été très peu engagé dans cet échange franco-allemand." Il critique la gestion politique du précédent chancelier : "Il s'agissait d’une Allemagne qui avait décidé, d'une certaine façon, de privilégier de manière très inconséquente ses intérêts de court terme."À voir aussiAllemagne : Friedrich Merz, sera-t-il à la hauteur ?Le couple franco-allemand est considéré comme le moteur économique de l’UE. Le futur chancelier a décidé d’investir massivement dans la réfection des infrastructures et la défense de son pays avec un plan à hauteur de 1 000 milliards d'euros. "Un mouvement très audacieux", selon François-Xavier Bellamy. "L'Allemagne va relancer son économie et pour nous Français, c'est un défi", affirme le député européen, également vice-président exécutif du parti Les Républicains en France. "L'Allemagne peut faire ce travail car elle a aujourd'hui 64 % de dette sur son PIB. La France, elle, ne peut évidemment plus s'autoriser un endettement supplémentaire. Elle s'endette depuis trop longtemps avec une dette qui ne sert qu'à fonctionner, pas à investir, à faire tourner un modèle social structurellement déficitaire et un État structurellement impécunieux", ajoute-t-il. À lire aussiL'humiliant faux départ de Friedrich Merz qui plonge l'Allemagne et l'Europe en plein douteÀ savoir si la France sera toujours le maillon faible du couple franco-allemand, il reste optimiste : "Je ne l’espère pas. Je crois qu'il faut demain une alternance en France pour permettre d'installer à la direction de notre pays un gouvernement qui soit enfin lucide sur ces enjeux budgétaires. [...] Je ne crois pas, comme le disait Emmanuel Macron, que la France ait un problème de manque de recettes. Je crois qu'elle a un problème d'excès de dépenses publiques. [...] La relation avec l'Allemagne va être marquée par la tension très forte que représente cette divergence profonde de notre trajectoire budgétaire."“Il faut apporter des réponses à la crise migratoire en Europe”Lors de sa campagne comme candidat à la chancellerie, Friedrich Merz a tenté de s’appuyer sur les voix de l’extrême droite pour faire adopter une proposition de loi visant à restreindre l’immigration, une première depuis l’après-guerre. Une alliance qui aurait poussé certains députés sociaux-démocrates à ne pas voter pour lui. "Ce qui lui a été reproché, c'est que l'AfD vote en faveur d'un texte que la CDU (le parti de Friedrich Merz) avait proposé. Il y a quand même un moment où nous rentrons dans une relation à la démocratie qui me paraît au moins discutable. Cela veut dire que nous devrions nous sentir coupable que des gens qui ont été élus par les citoyens et qui siègent valablement au sein d'un parlement votent en faveur du texte que vous proposez ?", s’indigne François-Xavier Bellamy. "C'est absolument scandaleux que cela puisse devenir un sujet d'accusation politique."Il défend également la possibilité de voter des textes proposés par l’extrême droite : "Au Parlement européen, le PPE a voté en faveur de plusieurs amendements qui étaient déposés par le groupe du Rassemblement national." Cela s’applique notamment au sujet de l’immigration : "Quand le contenu est le même que celui que nous défendons, nous n'allons pas faire semblant de voter contre nos propres positions lorsqu'il s'agit, par exemple, d'amendements qui disent la nécessité de financer avec le budget européen des infrastructures physiques de protection des frontières." Le député européen préconise une politique migratoire stricte : "Le déni de réalité pèse encore de tout son poids sur les questions migratoires. Il faut apporter des réponses à la crise migratoire que l'Europe connaît depuis longtemps maintenant et à l'impuissance de l'Europe sur ces questions." "Nous défendrons au Parlement européen, comme, je l'espère, la nouvelle coalition allemande défendra en Allemagne, des mesures déterminées pour renforcer nos pays sur le sujet migratoire. [...] C'est ce que je défendrai en étant représentant de mon groupe sur la directive retour", prévient-il. "Si nous voulons une alliance forte, il faut que nous soyons des alliés forts"Alors que le sujet du renforcement de la défense européenne est au cœur des discussions dans l’UE, François-Xavier Bellamy travaille sur le programme européen d’investissement dans le domaine de la défense (EDIP). Le texte a été adopté par le Parlement, avec un budget proposé de 1,5 milliards d’euros. "Nous proposons que l'Europe investisse dans des équipements de défense pour soutenir nos armées nationales, à condition que ces équipements soient au minimum fabriqués à 70 % de composants européens. Nous souhaitons que les Européens aient une autorité de conception, que les produits soient conçus en Europe et que ces produits ne soient pas soumis à des licences juridiques extra européennes", détaille-t-il, après ce constat de dépendance : "L'an dernier, les pays européens ont collectivement acheté 79 % de leur équipement militaire en dehors de l'UE, dont une partie massive aux États-Unis. [...] Peut-être un peu par paresse collective. L'idée était que nous n'avions pas besoin d'investir nous-même dans notre sécurité puisque s'il nous arrivait quoi que ce soit, les États-Unis viendraient nous défendre", poursuit-il. Face à des Américains qui menacent de se désengager de l'Otan et qui mènent une guerre commerciale à l'encontre de leurs principaux partenaires économiques, François-Xavier Bellamy reste sur ses gardes : "L'élection du président Trump et le discours qu'il tient désormais met l'Europe toute entière devant sa responsabilité. Les Américains sont nos alliés. Je crois qu'ils le resteront. Mais ils ne sont pas nos suzerains et nous ne sommes pas leurs vassaux. Si nous voulons une alliance forte, il faut que nous soyons des alliés forts et que nous soyons capables de nous défendre par nous-mêmes."Il souligne une ambiguïté : "Aujourd'hui, les Américains nous disent que c'est terminé et qu’ils ne veulent plus payer pour nous. Je peux les comprendre. Mais qu'ils ne nous disent pas simultanément que nous devons continuer de rester totalement dépendant de la production industrielle américaine.""Nous sommes en pleine phase de négociation"D’un point de vue commercial, les États-Unis ont décidé d’augmenter les droits de douane sur les produits européens, à hauteur, par exemple, de 25 % pour l’acier et l’aluminium. "Nous sommes en pleine phase de négociation. [...] Le but est d'arriver à mettre fin à cette escalade absurde. Personne n'a rien à gagner dans cette envolée des taux d'intérêt", rappelle le député européen. "Nous espérons que nous pourrons revenir à la raison, mais si ça n'est pas le cas, alors il faut que l'Europe assume de défendre ses intérêts et qu'elle le fasse de manière très claire en engageant le bras de fer", alerte-t-il. "L’unité doit rester intacte car nous sommes dans un moment où l'Europe n'a jamais été aussi isolée"En Roumanie, la Cour constitutionnelle a annulé en décembre dernier le premier tour du scrutin présidentiel sur fond de soupçons d’ingérence russe. Calin Georgescu, le candidat pro-russe arrivé en tête, avait dénoncé un "coup d’État organisé". "J’entends souvent des contre-vérités extrêmement inquiétantes sur ce sujet," explique François-Xavier Bellamy. "Le premier tour de l'élection présidentielle a été annulé mais il n'a pas été annulé par [...] quelques autorités européennes que ce soit. Il a été annulé par la Cour constitutionnelle de Roumanie et c'est fondamental de le dire parce que nous avons voulu nous raconter que l'Europe voulait faire annuler un résultat électoral parce qu'il lui déplaisait. [...] M. Georgescu avait déclaré un budget de campagne à zéro euro. Il avait indiqué qu'il n'avait pas dépensé un seul centime dans sa campagne. Or, c'était évidemment faux. Et donc il y avait un mensonge, une tricherie manifeste", poursuit le député européen.À lire aussiPrésidentielle en Roumanie : à l’extrême droite toute ?Lors de la tenue d’un nouveau scrutin le 4 mai, l'extrême droite a réalisé un score choc au premier tour. Son candidat, George Simion est un pro-Trump, populiste et eurosceptique. Il pourrait faire basculer son pays dans le camp anti-UE s’il est élu au second tour le 18 mai, amplifiant ainsi la désunion au sein du club des Vingt-Sept. "Le plus important aujourd'hui, c'est que l'Europe soit capable de reconstruire son unité. Cette unité doit se construire avec la diversité des sensibilités politiques que les citoyens dans nos pays choisissent de porter à la tête de leurs gouvernements respectifs. Cette unité doit rester intacte parce que nous sommes dans un moment où l'Europe n'a jamais été aussi isolée," poursuit le député du PPE. À lire aussiPrésidentielle en Roumanie : les raisons de la percée de l'extrême droiteAlors que le manque d’unité est de plus en plus criant au sein des États membres, il rappelle sa vision de l’UE : "L'État de droit, c'est d'abord le respect de la démocratie. C'est fondamental. [...] L'Europe, c'est une civilisation qui a 25 siècles d'histoire et qui porte avec elle un engagement autour de principes essentiels qui lient nos pays de manière absolument déterminante", conclut le vice-président du Parti populaire européen. Émission préparée par Perrine Desplats, Isabelle Romero, Luke Brown et Oihana Almandoz.
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  • Pascal Lamy : "Obnubilés par le show de Trump sur le commerce, nous oublions son agenda politique"
    Cette semaine, nous accueillons Pascal Lamy, coordinateur des instituts Jacques Delors et ancien commissaire européen au Commerce. Il commente la guerre commerciale menée par les États-Unis et les défis à relever par l’UE dans ce contexte. Les multiples revirements de Donald Trump au sujet de l’augmentation des droits de douane effraient les marchés financiers mondiaux. Pascal Lamy, également ancien directeur de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), estime que ce protectionnisme "ne marchera pas et que Donald Trump va être obligé de reculer, comme il a d'ailleurs commencé à le faire". "Ce n'est pas un grand désordre commercial mondial"Il critique les volte-face répétées du président américain : "Il impose des droits de douane à tout le monde. Le lendemain, il en retire une partie. Le lendemain, il tape un gros coup sur la Chine." Face à cette instabilité, il relativise le poids des États-Unis : "Ce n'est pas un grand désordre commercial mondial. C'est une confrontation entre un pays qui représente 13 % des importations mondiales, qui sont les États-Unis, et ses partenaires commerciaux." En guise de réponse, il évoque deux options possibles pour l’Union européenne (UE) : "La première, c'est de négocier un deal commercial avec les Américains s'il y a quelque chose à négocier. Une négociation commerciale, en général, c'est gagnant-gagnant." Il rappelle que la Commission européenne a proposé aux États-Unis une exemption de droits de douane totale et réciproque pour les produits industriels afin de tenter d'éviter une guerre commerciale. "L’autre option consiste à prendre des mesures de rétorsion au cas où [...] cette négociation ne marche pas et si les Américains maintiennent leurs tarifs. À ce moment-là, nous sommes tout à fait dans notre droit vis-à-vis de l'OMC de prendre des contre-mesures à la taille de la pénalité que les Américains nous imposent", détaille-t-il. "Nous avons les moyens de faire face, y compris si le marché américain se fermait aux exportations chinoises et si cela se traduisait par un reflux des exportations chinoises sur le marché européen.""Il y a de bonnes raisons de penser que Trump va se calmer"Si les États-Unis restent officiellement membres de l’OMC, ils n’en respectent plus toutes les règles : "Toutes les mesures douanières qu’a annoncées Trump sont en complète violation des engagements qu'il a pris au sein de l'organisation. [...] Les États-Unis ont paralysé le mécanisme de règlement des différends et ils sont, si je puis dire, hors d'atteinte."Cependant, Pascal Lamy ne prédit pas un déclin de l’OMC et tempère la situation : "Nous n’avons pas encore vraiment vu officiellement se mettre en place l'OMC sans les Américains. [...] Il va falloir trouver d'autres équilibres." "L’effet négatif de Trump est probablement à terme plus dans le moment d'incertitude qu’il aura introduit dans l'économie mondiale [...] que dans l'effet des droits de douane", ajoute l’ancien commissaire européen au Commerce.Dans un rapport récent, le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour les États-Unis en 2025, passant de 2,7 % à 1,8 %, citant l'incertitude politique et les tensions commerciales. Dans la zone euro, la croissance du PIB est désormais attendue à 0,8 % cette année et 1,2 % en 2026. "C'est l'effet bazar", commente Pascal Lamy au sujet de ces fluctuations. Face à ces multiples scénarios, l’ancien directeur de l’OMC reste confiant : "Il y a de bonnes raisons de penser que Donald Trump va finir par se calmer, notamment si les consommateurs américains ou les marchés américains d'actions ou de taux réagissent comme ils ont commencé à réagir.""Nous ne voyons pas assez bien ce qu'il est en train de faire sur le plan politique"Au-delà de l'aspect économique, le coordinateur des instituts Jacques Delors appelle à la vigilance au sujet des politiques menées par l'administration Trump : "Nous sommes un peu trop obnubilés par cette hyperactivité, ce show permanent et quotidien de Monsieur Trump sur les histoires de droits de douane. Nous ne voyons pas assez bien ce qu'il est en train de faire derrière, sur le plan politique aux États-Unis et dans le système international. C'est probablement plus grave, plus profond, plus systémique.""Le protectionnisme de Trump est un vrai sujet mais il ne faut pas qu'il cache ce qu'il y a de plus grave : l'extension du pouvoir exécutif américain. Nous n’entendons plus parler du Congrès. Les tribunaux judiciaires ne vont pas contrôler l'autorité du président sur les questions de commerce international et il est en train de prendre des décisions qui sont en violation complète des accords internationaux que les États-Unis ont souscrits depuis 150 ans", poursuit Pascal Lamy. "Il y a une entreprise de démolition systématique de tout ce qui contraint l'exercice de la puissance qui, à mon avis, est très grave."Selon le secrétaire au Trésor américain, le FMI "emploie une part disproportionnée de son temps et de ses ressources à travailler sur le réchauffement climatique, le genre ou les questions sociales" et "la stabilité et la croissance doivent être les points cardinaux du succès" de l’organisation internationale. "L'idée que le FMI est une entreprise du wokisme, c'est du délire intégral", s’indigne Pascal Lamy. "L'obsession trumpienne porte sur l'environnement, les droits des femmes, les transgenres. C'est leur plateforme idéologique.""Nous avons en Europe une régulation du digital plus sévère qu'ailleurs"Alors que certains géants de la tech américaine, proches de Donald Trump, ont reçu des amendes de la part de l’UE pour infractions à la concurrence, "ce ne sont pas des mesures européennes qui ont quoi que ce soit à voir avec la guerre commerciale qu’a commencé Monsieur Trump", selon Pascal Lamy. Il défend la législation européenne à ce sujet : "Nous avons en Europe une régulation du digital qui, il est vrai, est plus sévère qu'ailleurs [...] Cela a été la décision des autorités européennes. Cela n'est pas imposé par une Commission qui aurait des visions technocratiques. Cela fait partie de notre modèle civilisationnel. Je pense qu'il y a de bonnes raisons à cela."Plusieurs grands patrons européens, comme Bernard Arnault, à la tête de LVMH, numéro un mondial du luxe, fustigent la gestion de la question des droits de douane par l’UE. Il menace de délocaliser ses activités aux États-Unis pour éviter ces surtaxes. "Le raisonnement n'est pas totalement convaincant. D'abord parce que les coûts de production aux États-Unis sont beaucoup plus élevés qu'ils ne le sont en Europe. [...] Un certain nombre de ces productions utilisent des composants dont le coût aura singulièrement augmenté aux États-Unis", prévient l’ancien commissaire européen au Commerce. "Friedrich Merz est du genre à prendre le taureau par les cornes"Au chapitre de l’avenir de l’UE, le coordinateur des instituts Jacques Delors salue l’élection à venir du chrétien-démocrate Friedrich Merz à la tête d'une coalition avec les sociaux-démocrates en Allemagne : "Friedrich Merz, c'est un tempérament un peu différent de celui de ses prédécesseurs. C’est le genre à prendre le taureau par les cornes." Alors que le futur chancelier a décidé d’investir massivement dans la réfection des infrastructures de son pays, Pascal Lamy considère que ses actions sont de bonne augure pour l’économie européenne : "Les décisions qu'il a prises [...] sont assez révolutionnaires pour l'Allemagne. Je crois qu'il est d'une part disposé à redynamiser l'économie allemande, ce qui est bon pour l'économie européenne et accessoirement pour l'économie française, sans faire de folies budgétaires, tout en acceptant une augmentation de l'endettement.""Tout cela ne sent pas bon, cela sent même très mauvais"Au sujet de la guerre qui sévit sur le continent européen, les États-Unis affirment être sur le point d’obtenir un accord de paix entre l’Ukraine et la Russie. Les Ukrainiens et les Européens, quant à eux, craignent des concessions territoriales en faveur de la Russie. "Un arrangement à la Trump avec Monsieur Poutine, si on en croit ce qu'ils sont en train de discuter, serait assez catastrophique pour l'Ukraine et donc pour l'Union européenne. Cela voudrait dire que nous reconnaissons l'usage de la force sur le continent européen pour conquérir des territoires", alerte Pascal Lamy. Il rappelle que l’UE n’est pas à la table des négociations quand bien même "l’Ukraine est un pays européen candidat à l'accession à l'UE". "Tout cela ne sent pas bon, cela sent même très mauvais", insiste Pascal Lamy, également Vice-président du Forum de Paris sur la paix. "Est-ce que ceci impliquerait un retrait du soutien militaire américain à l'Ukraine ? Ce qui voudrait dire que toute la charge du maintien de la paix après un accord de cessez-le-feu reposerait sur des épaules européennes. Il y a là une inconnue", explique Pascal Lamy. Face à ces questionnements, il défend un renforcement de la défense européenne : "L’Europe doit maintenant investir dans une défense commune. Ça ne veut pas dire une armée commune. [...] Je pense que le tournant est pris afin de reconstruire un système de sécurité en Europe qui nous mette à l'abri de nouvelles tentatives russes", conclut-il.Émission préparée par Agnès Le Cossec, Oihana Almandoz, Perrine Desplats, Luke Brown et Isabelle Romero
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  • Financer l’Europe de demain : petit budget, grandes ambitions !
    Le Parlement européen a sorti les calculettes : le prochain budget de l’Union européenne se dessine en ce moment et l’équation paraît très difficile à résoudre pour les Vingt-Sept, qui doivent financer toujours plus de secteurs avec un budget très contraint. Celui-ci représente actuellement 1 % du PIB de l’Union, soit 1 000 milliards d’euros sur 7 ans. Il sert pour un tiers à la politique agricole commune, pour un autre tiers à la cohésion entre les régions d’Europe, pour assurer leur rattrapage économique, et pour le reste à payer le fonctionnement de l’Union et les autres politiques. Dans le même temps, les Vingt-Sept entendent développer leurs investissements dans la défense, le numérique et les nouvelles technologies. Avec quel argent ? Ils devront déjà rembourser un grand emprunt contracté pendant le Covid, qui risque de grever le budget de 15 à 20 % par an. L’Union européenne pourrait-elle avoir recours à de nouvelles ressources propres, indépendantes des contributions des États ? L’idée est avancée, mais les pistes, comme la taxe carbone aux frontières, suscitent beaucoup de scepticisme. Émission préparée par Isabelle Romero, Oihana Almandoz, Perrine Desplats et Luke Brown
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  • Benjamin Haddad : "Face aux USA, nous pouvons imposer un rapport de force et défendre nos intérêts"
    Alors que les Européens continuent à s'interroger sur leur place et leur puissance dans un monde très mouvant et que la France s'efforce d'être au cœur du réacteur européen, Benjamin Haddad, ministre français délégué à l’Europe s’exprime sur la présidence de Donald Trump, la guerre en Ukraine et la nouvelle donne géopolitique. À l’approche des cent jours de la présidence de Donald Trump à la Maison-Blanche, Benjamin Haddad, qui a travaillé plusieurs années à Washington dans des think tanks politiques, estime que "nous sommes à un moment de bascule historique pour notre continent et qu'il faut en tirer les conclusions".À propos des relations transatlantiques et de l'avenir de la garantie de sécurité américaine, il note : "Au-delà de la simple présidence et personnalité de Donald Trump, la vérité, c'est que nous voyons une tendance depuis plus d'une dizaine d'années avec les États-Unis qui se tournent vers l'Asie […] C'est le moment pour les Européens de prendre leur destin en main, d'investir massivement dans leur défense, dans leur autonomie stratégique et leurs coopérations industrielles, sur les questions de défense, dans leur compétitivité et leur innovation.""Sur l’Ukraine, la Russie a des visées maximalistes et inacceptables"Benjamin Haddad évoque la guerre d'agression de la Russie contre l’Ukraine "qui a un impact sur la liberté, la démocratie et la souveraineté des Ukrainiens, mais plus profondément sur notre sécurité à nous, Européens, puisque les Ukrainiens se battent aussi pour la sécurité de l'Europe et c'est pour cela que nous les soutenons". Il pointe clairement la responsabilité de la Russie : "La vérité, c'est que le président Zelensky, il y a plus d'un mois déjà, a dit qu'il souhaitait une trêve inconditionnelle, qu'il y était prêt. La Russie n'a pas répondu. […] La Russie continue de frapper les civils, les infrastructures, les militaires ukrainiens. Elle continue d'avoir des visées maximalistes et inacceptables : la neutralisation et la démilitarisation de l'Ukraine, le renversement du président Zelensky. Fondamentalement, ce que la Russie cherche depuis le début, c'est d'effacer l'Ukraine en tant qu'État-nation, en tant que nation souveraine et indépendante. Et ça, c'est inacceptable."Benjamin Haddad rappelle les initiatives diplomatiques prises par les Européens comme la rencontre avec le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le négociateur Steve Witkoff à Paris. "C'était la première fois que nous avions, autour de la table, les Ukrainiens, les Européens et les Américains pour dire que nous souhaitions un cessez-le-feu."Le ministre délégué à l’Europe insiste cependant sur les garanties de sécurité : "Une trêve qui serait utilisée par la Russie pour réarmer et pour réattaquer nous mettrait tous en danger. L'enjeu, c'est de permettre la sécurité du continent sur le long terme." Benjamin Haddad rappelle que "les accords de cessez-le-feu de Minsk ont été violés et bafoués par la Russie des dizaines de fois".Ces garanties de sécurité passent par une armée ukrainienne forte, robuste et indépendante soutenue par les Européens mais, après la réunion de la "coalition des volontaires" qui s’est tenue à Paris, Benjamin Haddad rappelle : "Cela peut passer par des contingents européens dans des points stratégiques qui ne seraient pas combattants, qui ne seraient pas sur la ligne de front naturellement, mais dans des points stratégiques comme des troupes de réassurance."Une industrie européenne au service de la défenseCes ambitions nécessitent une augmentation des dépenses militaires dans un contexte budgétaire déjà tendu pour la France. Mais Benjamin Haddad affirme : "La France n'a pas attendu cette guerre pour augmenter ses dépenses de défense et sur les deux mandats d'Emmanuel Macron, nous aurons doublé le budget français de la défense sur les dix ans."De plus, il explique : "Sous l'impulsion des États membres, comme la France, la Commission européenne a annoncé des mesures pour pouvoir faciliter l'investissement des États dans la défense, un prêt de 150 milliards pour pouvoir aider les États membres qui souhaitent coopérer entre eux pour investir dans des capacités dans lesquelles, aujourd'hui, nous sommes dépendants, comme les cyber drones, les frappes en profondeur, les munitions, ou les satellites. Quand nous pensons au rôle que joue Starlink en Ukraine, voilà autant de domaines dans lesquels nous devons avancer ensemble en Européens et avoir des coopérations industrielles pour soutenir notre industrie de défense.""Cette guerre commerciale n’est dans l'intérêt de personne"Pour Benjamin Haddad, les droits de douane imposés par Donald Trump sont complètement injustifiés et ne correspondent en rien à la réalité des relations économiques entre l'Union européenne et les États-Unis. "Déjà, cela n'inclut pas les relations sur les services. Et les Européens sont importateurs de services, en particulier de services numériques américains. On y compte des taxes qui sont imposées à toutes les entreprises, y compris européennes, comme la TVA, la taxe sur la valeur ajoutée, cela n’a aucun sens. Ce que nous constatons aussi, c'est que cette guerre commerciale n’est dans l'intérêt de personne. Elle va avoir un impact inflationniste sur les États-Unis, les marchés boursiers sont en train de dévisser et donc l’impact économique est très négatif."Face à cette situation, l’Europe a les moyens de réagir, souligne le ministre délégué à l’Europe : "Aujourd'hui, la Commission européenne mène une négociation pour mener à la désescalade avec les États-Unis. Nous la soutenons. Nous, ce que nous avons dit aussi, c'est que nous devons être prêts à utiliser des instruments de réponse que nous avons développés ces dernières années. Je pense par exemple à l'instrument anti-coercition qui permettrait d'élargir la palette d'instruments dont dispose l'Union européenne […] La présidente de la Commission elle-même a dit que la taxation des services numériques était une possibilité. Nous avons des instruments et l'Europe n'est pas faible. L’Europe, c'est 450 millions d'individus. C'est un grand marché intégré. C'est le premier partenaire commercial des États-Unis. Donc, nous avons les moyens d'imposer un rapport de force et de défendre nos intérêts."S’il défend le libre-échange, Benjamin Haddad estime à propos du Mercosur qu’il faut être vigilant : "Ce n’est pas parce que nous sommes sous la pression douanière des États-Unis que nous devons nous précipiter, aller accepter des mauvais accords. Si on vous dit qu’on va importer des produits dont on interdit la production en Europe parce que nous avons imposé des normes, des standards particuliers à nos agriculteurs, mais que nous n'avons pas de réciprocité, nous n'avons pas de clauses miroirs, cela n'a pas de sens."Enfin, en Roumanie, à l’approche de la prochaine élection présidentielle des 4 et 18 mai, Benjamin Haddad met en garde contre les tentatives de manipulations numériques comme cela avait été le cas lors de la précédente élection de décembre dernier dont le résultat a été invalidé. "La Russie s'était ingérée de façon massive dans cette élection via TikTok pour soutenir la candidature de Monsieur Georgescu, un populiste complotiste d'extrême droite. Le réseau TikTok a lui-même révélé qu'il y a eu plus de 100 000 faux comptes qui ont été désactivés par le réseau social. Nous devons collectivement nous défendre face à ces manipulations et face à ces ingérences via les plateformes de réseaux sociaux. C'est pour cela que l'Union européenne s'est dotée d'instruments comme le Digital Services Act pour pouvoir lutter contre la désinformation, la haine en ligne, les ingérences, la manipulation des algorithmes."Benjamin Haddad rend aussi hommage au pape François, pour les catholiques et "tous ceux qui ont vu dans ce pape une source d'inspiration dans la voie vers le dialogue, vers la paix, vers la tolérance". Il rappelle aussi les positions du souverain pontife sur la question de l'immigration et ajoute : "Il y a dans tous nos pays une exigence normale, naturelle, de maîtriser nos frontières, d'avoir des politiques migratoires démocratiques, de pouvoir faire respecter la loi. Mais ce qu’il nous a rappelé, c'est que derrière ces principes, il y a des individus, il y a des parcours de vie, il y a des femmes, des hommes, des enfants. Nous avons vu les drames humains en Méditerranée avec des centaines de morts dans des conditions absolument atroces. Et, donc, nous avons encore une fois l'exigence, en tant que dirigeants politiques, de faire respecter le droit, de faire respecter la loi et de le faire avec humanité."Émission préparée par Perrine Desplats, Luke Brown et Isabelle Romero
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Rendez-vous à Bruxelles pour un entretien avec une personnalité européenne de premier plan, suivi d'un débat entre eurodéputés. Le samedi à 11 h 10 (heure de Paris), puis 15 h 40.
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