Gabriel Mwéné Okoundji, «la poésie permet de se lever, malgré la blessure»
Gabriel Mwénè Okoundji est considéré comme l’une des grandes voix de la poésie africaine francophone contemporaine. Le nom est l'autre visage des êtres, écrit Gabriel Mwéné Okoundji. «Okoundji» en langue bantoue, cela veut dire chef et «Mwéné» porteur de la spiritualité du peuple. Son deuxième nom, «Mwéné», il l'a hérité à la mort de son père, à ses neuf ans. Un nom qui a marqué sa vie, son enfance et probablement une destinée de poète ! La poésie permet à l'homme de faire confiance en sa fragilité Gabriel Mwéné Okoundji est né en 1962 dans le petit village de Okondo en République du Congo, village qui a fait naître en lui «toute la sensibilité qu'il porte». Adolescent, il rejoint Brazzaville pour aller au lycée. Puis, il part à Bordeaux, en France, pour suivre des études de médecine. Il y vit désormais depuis près de 40 ans. Parallèlement, il écrit beaucoup de poésie pour porter la parole de l'écriture. Il se décrit comme un «enfant de la négritude» mais se sent aussi comme un descendant de troubadour. L'écriture pour moi vient parfois par effraction, d'une rencontre, d'un mot, d'une lecture, d'un chant. Mais cette rencontre peut aussi venir en langue tékée comme elle peut venir en langue française. Ce sont ces deux langues qui me nourrissent. Quand l'une donne, l'autre reçoit, quand l'une reçoit, l'autre invoque, l'autre évoque. Ce sont mes deux langues maternelles. Parfois, je ne trouve pas de mot équivalent en français alors, je le laisse en langue tékée. Gabriel Okoundji Invité : Gabriel Mwéné Okoundji, psychologue de métier et poète franco-congolais. Son recueil L'âme blessée d'un éléphant noir, suivi de Stèles du point du jour, est à retrouver dans la collection Poésie aux éditions Gallimard. Programmation musicale : L'artiste Ours avec le titre Le spleen d'une vie sublime.
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L'auteur James décortique la langue avec humour dans «la sémantique c’est élastique»
Avec cette BD, l'auteur James explore la langue avec humour et s'amuse à analyser son évolution... Savez-vous comment est-on passé de « Grationopolis » à « Grenoble » ? Pourquoi dit-on « j’irai » et pas « j’allerai » ? Quelle est la différence entre « nombre » et « chiffres ». Pourquoi dit-on quinze, seize, mais dix-sept, dix-huit ? Si la langue française est évolutive, la sémantique, elle, est élastique ! Il y a plein d'absurdités. On nous dit qu'il y a plein de règles dans la langue française, mais elles sont transgressées en permanence ! James, auteur Comment comprendre cette évolution ? James, auteur, nous propose un deuxième tome pour décrypter l’usage et l’évolution de la langue en remontant l'histoire. Un personnage avec cravate et cigare, dessiné très simplement, en dialogue avec d'autres personnages, donne les explications sur les subtilités de la langue. Par exemple, il nous raconte d’où viennent tous ces tics de langage « j’avoue ! » « Grave ! » «Y a pas de soucis», insupportables pour beaucoup d’oreilles, mais qui sont pourtant indispensables à la conversation et qui ont une histoire bien plus intéressante qu'il n'y parait. Corneille, Balzac avaient eux-mêmes leurs tics de langage qu'on retrouve dans leurs livres. L'auteur nous apprend tout sur les figures de style telles que les litotes, les euphémismes, les antiphrases, toujours avec beaucoup d'ironie, ce qui nous rappelle que l'humour est principalement basé sur le langage. Invité : l’auteur James. Il se définit comme un «scénariste qui dessine». Il a participé à la Revue Dessinée. Sa bande dessinée « La sémantique, c’est élastique » est publiée aux éditions Pataquès. Et comme chaque mercredi, retrouvez la chronique de Lucie Bouteloup, La puce à l'oreille. Cette semaine, elle vous propose de découvrir l'expression « Discuter le bout de gras ! » avec la lexicographe Géraldine Moinard. Une chronique en partenariat avec les éditions Le Robert. Programmation musicale : l'artiste Alma Rechtman avec le titre Dans ma maison.
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Transhumances de Bilguissa Diallo, roman choral sur le massacre du 28 septembre
Dans «Transhumances», l'autrice Bilguissa Diallo revient sur le massacre du 28 septembre 2009 au stade de Conakry et suit le destin de survivants de ce tragique évènement. En septembre 2009, cinq amis se rendent au stade de Conakry pour manifester en faveur de la démocratie. Le rassemblement tourne au drame. Comment reconstruire sa vie après un tel choc ? Faut-il s’exiler ? Rester ? Quel destin se choisir dans un monde en pleine mutation ? Le 28 septembre 2009, des milliers de personnes se pressent dans le plus grand stade de Conakry pour assister à un meeting de l'opposition, pour dire non à la candidature du capitaine Moussa Dadis Camara à l'élection présidentielle de Guinée. Président de la junte militaire, après la mort du président Lansana Conté, le capitaine Moussa Dadis Camara s'était autoproclamé président de la République de Guinée. Une répression terrible va alors s'abattre sur les manifestants avec un bilan — très incertain — de 150 morts et plusieurs milliers de blessés... Les hommes seront battus, les femmes violées. Moussa Dadis Camara partira en exil à Dakar pendant de longues années, avant d'être condamné en 2024 à 20 ans de prison, avant d'être gracié en 2025 par Mamadi Doumbouya, chef de la junte et président de la transition. Le roman raconte le massacre du point de vue de jeunes Guinéens : Adama, présenté par le meneur, l'idéaliste. Il est persuadé d'être à un moment-clé de l'histoire de son pays... Il entraîne — naïvement — ses amis Lamine, Sadou, Awa ou Dalanda. J'ai une appétence assez particulière pour l'histoire, parce que je pense que la grande histoire a de gros retentissements sur les petites histoires et sur les parcours individuels. Bilguissa Diallo Après cet évènement tragique, ces jeunes connaitront des destins bien différents… Le roman mêle l'histoire aux récits intimes. Invitée : Bilguissa Diallo. Autrice née en 1975 au sein d’une famille de réfugiés politiques guinéens. Elle publie son premier roman Diasporama en 2005. Puis, un essai historique sur une affaire politique qui a secoué la Guinée en 1970, Guinée, 22 novembre 1970, Opération Mar Verde, paru chez l’Harmattan Éditions en 2014. Transhumances, son deuxième roman, est publié chez Elyzad. Programmation musicale : L'artiste Manamba Kanté avec le titre Mousso.
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Rituels, exercices et secrets d'écrivains pour libérer sa plume
Oser écrire, ça s'apprend ! Comment se jeter dans le bain et démarrer une pratique d'écriture régulière pour rencontrer l'auteur qui sommeille en nous ? C'est l'objectif de ce journal d'écriture créative qui invite à démarrer une pratique d'écriture régulière en partant de son histoire, de ses goûts littéraires, de ses auteurs de référence, pour s'encourager à jeter ses propres mots sur le papier. Un chemin pour découvrir, sous une forme ludique qui évoque celle du cahier de vacances, l'auteur qui sommeille en chacun. Invitées : - Valérie Blondel, enseignante de français Langue étrangère (FLE) à l'Université de Bâle, en Suisse et formatrice dans des ateliers d'écriture - Valérie de Swetschin, rédactrice et formatrice, elle anime des ateliers d'écriture auprès des étudiants des universités de Paris 2 Panthéon-Assas et d’Évry. Elles publient Mon journal d'écriture créative, aux éditions Eyrolles. Et la chronique Ailleurs nous emmène à Prague en Tchéquie avec Lucie Nemečková, dramaturge pour la radio et le théâtre, journaliste, traductrice. Promotrice du théâtre francophone en République tchèque, initiatrice du festival l’Afrique en création qui s’étale sur plusieurs semaines / mois. Des rencontres autour des arts africains et caribéens. Avec cette semaine, du 25 au 28 juin 2025 : Si Václav Havel était Africain… Le festival se concentrera sur les inspirations afro-caribéennes à Prague et en République tchèque, en collaboration avec l'UNESCO – Prague, Ville de la littérature 2025… Il présentera la première mondiale de la pièce de Laura Sheilly Inangoma du Burundi sur Františka Plamínková, ainsi que la traduction et la lecture de la pièce du nouveau résident, Elemawusi Agbedjidji du Togo. Programmation musicale : Matrixée de Juste Shani.
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Littérature : Marie Ndiaye raconte le récit d'une enfance dans «Le bon Denis»
Dans son nouveau roman Le bon Denis, l'autrice Marie NDiaye raconte un pan de son enfance... et l'absence d'un père. Comment raconter une enfance ? Beaucoup d'écrivains et d'écrivaines revisitent cette période de leur vie dans leurs livres. L'enfance de la narratrice est marquée par le départ du père du foyer familial. On lui a toujours dit que c'était lui qui était parti, mais un jour, sa mère qui révèle que c'est elle qui l'a quitté... Elle a alors rencontré un homme, Denis, employé de ménage dans l'établissement dans lequel elle travaille. Une incarnation de la bonté, qui aurait pris soin de la narratrice comme si c'était sa propre fille. Avec quatre récits, la narratrice part sur les traces de sa mémoire... Elle donne ainsi une existence à son père. Quand on pense faire une autobiographie non fictive, on n'est pas nécessairement plus juste que lorsqu'on est très conscient de faire une autobiographie légèrement fictive. Les trous de ma mémoire, je les remplis avec une fiction qui ressemble à ce que j'imaginerais être dans les trous. Marie NDiaye Invitée : Marie NDiaye, auteure née en 1967 dans le Loiret. Elle a commencé à écrire vers l'âge de 16 ou 7 ans… Prix Femina pour Rosie Carpe en 2001 et lauréate du prix Goncourt pour Trois femmes puissantes en 2009. Programmation musicale : L'artiste Yamé avec le titre Shoot.
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Acerca de De vive(s) voix
Une émission consacrée à la langue française dans le monde et aux cultures orales. Un rendez-vous quotidien du lundi au jeudi, pour rendre plus vivant notre rapport à la langue, et être la vitrine des initiatives en faveur de la francophonie. Une émission consacrée à la langue écrite qui vit, s’adapte, se développe. Mais aussi une émission où la langue parlée, blablatée, tchatchée, déclamée et murmurée aura toute sa place. En compagnie d’historiens, linguistes, traducteurs, artistes… ce nouveau rendez-vous sur RFI sera aussi celui de l’oralité : ce qui est émis, qui est énoncé de vive voix. Théâtre, slam, poésie sonore, contes, traditions orales… Émission présentée par Pascal Paradou, en collaboration avec Cécile Lavolot. Réalisation : Laura Pinto. Et en podcast sur www.rfi.fr. *** Diffusions du lundi au jeudi : à 13h30 TU vers toutes cibles ; 18h30 vers l'Afrique lusophone ; à 22h30 vers l'Afrique haoussa ; du lundi au vendredi à 23h30 vers Malabo/Bata. Le vendredi à 23h30 vers l'Afrique lusophone et Peul. Et le dimanche à 15h30 vers l'Afrique peul & lusophone & Malabo/Bata. (Heure de Paris = TU + 2 en grille d'été).