Afrique Économie - La Centrafrique cherche à mieux profiter de son secteur minier
Comment mieux tirer profit des contrats miniers octroyés aux investisseurs internationaux ? Les dirigeants africains viennent de solliciter la Facilité africaine de soutien juridique. Un mécanisme qui débouche sur du concret.
La Centrafrique devrait réviser son code minier bientôt pour être plus attractive, avec les conseils du cabinet De Gaulle Fleurance & Associés. « Nous avons effectivement noté beaucoup d’incohérences dans la législation », affirme Bruno Gay, avocat au barreau de Paris. « Les textes d’application et la convention minière type. Selon nous, une législation de qualité, claire, intelligible et disponible est l’élément de base, l’élément fondamental qui permettra déjà de rassurer les investisseurs et de rendre d’ailleurs en pratique l’application de ces mêmes normes par l’administration beaucoup plus simple et beaucoup plus efficace. »
En mars 2018, la RDC, l’un des pays africains dont l’économie repose aujourd’hui en grande partie sur l’exploitation des matières premières, a révisé son code minier en augmentant la taxation des sociétés. Les multinationales ont eu du mal à accepter cette révision, qui interroge aussi les Congolais eux-mêmes.
Gabrielle Pero est chargée du programme mines au Forum des femmes pour la gouvernance des ressources naturelles. Pour elle, « la part du gouvernement revient à lutter contre les conflits d’intérêts aussi. On a constaté que les [femmes et hommes] politiques étaient beaucoup plus impliqués comme actionnaires dans les sociétés minières, etc. Ce qui affaiblit le rôle de l’Etat congolais à pouvoir lutter efficacement contre toutes les malversations, à la fraude fiscale liée à l’activité minière des multinationales. »
Clarifier la législation, une des clés de la réussite
Avec une législation claire et des conventions minières sans ambiguité, Bruno Gay a un autre conseil à donner aux gestionnaires du secteur minier centrafricain face aux investisseurs. « Avoir confiance. Se souvenir à tout moment qu’on est un Etat souverain – ou des représentants d’un Etat souverain s’agissant des agents de l’administration – et que l’on est en train de travailler sur un processus d’octroi de ressources naturelles qui sont la propriété de l’Etat. », soutient-il. Puis d'ajouter « et surtout ne pas considérer que l’on est dans l’obligation de mettre en place un système ou des systèmes dérogatoires au profit des investisseurs ; d’une certaine façon de leur faire des cadeaux. Il n’y a pas de raisons, ce doit être des vrais partenariats gagnant-gagnant ! »
D’expérience, précise l’avocat, c’est souvent l’incohérence de la législation et des problématiques d’interprétation d’une convention minière qui permettent aux investisseurs d’obtenir des dérogations !
A part la nécessité de renforcer leurs législations, les États miniers doivent aussi se soucier de la formation des équipes et de la situation des infrastructures pour l’évacuation de leurs matières premières, transformées ou non transformées. Pour la République centrafricaine, le cabinet d’avocats De Gaulle Fleurance & Associés vient d’organiser une première session de formation des agents administratifs issus de tous les ministères concernés par le secteur minier. Elle s’est déroulée à Kigali au Rwanda, du 2 au 9 décembre 2019.
Afrique Économie - La stratégie d'Air Sénégal dans un environnement concurrentiel
Air Sénégal vient de réceptionner son nouvel Airbus A330 néo. C’est le deuxième appareil de ce type pour la jeune compagnie aérienne, lancée au printemps 2018.
C'est une nouvelle étape dans la stratégie de développement de l’entreprise, qui doit se faire une place dans un environnement ultra-concurrentiel.
Afrique Économie - Le Congo inaugure sa première usine de polymétaux
Au Congo, la première usine de polymétaux vient d’être inaugurée dans la région de la Bouenza, au sud du pays, par le président Denis Sassou Nguesso. Issue de capitaux chinois, elle produit 20 000 tonnes de cuivre par an, destiné essentiellement à l’exportation. Dans un proche avenir, cette usine produira également du zinc et du plomb.
Au pied d’une chaîne de collines dominées par le calcaire, à la sortie est de Mbandza, une bourgade encadrée dans le feuillage d’arbres fruitiers, se trouve cette usine de polymétaux présentée par Pierre Oba, ministre des Mines et de la géologie du Congo. « L’usine est déjà dans sa phase de production et même d’exportation, explique-t-il. Elle n’est pas totalement terminée parce qu’il y a encore des modules en pleine construction pour développer le zinc et le plomb. On a commencé par le cuivre. Les polymétaux sont composés du cuivre, du zinc et du plomb. On produit déjà le cuivre ; en 2021, on va commencer à produire le zinc et en 2022 ça sera le tour du plomb. »
L’usine est bâtie sur une surface de 145 hectares. Sa production est essentiellement destinée à l’exportation pour des raisons avancées par Hilaire Elenga, directeur général du centre de recherches géologiques et minières. « L’essentiel est à l’exportation parce qu’au niveau local on n’a pas encore de gros consommateurs de ces minerais, cela nécessite des technologies capables d’utiliser du plomb, du cuivre et du zinc pour la finition. Pour l’instant une grande partie est destinée à l’exportation. Mais, les nationaux qui sont à même de pouvoir utiliser ces minerais sont autorisés à les acheter », affirme M. Elenga.
Un bon signe pour l’emploi
Propriété de la Société de recherche et d’exploitation minière (SOREMI), dans laquelle la Chine détient 90% de parts, l’usine de polymétaux emploie un millier d’ouvriers dont 70% de Congolais. L’implantation de cette usine apporte une valeur à l’économie nationale et contribue à la baisse du chômage, selon les populations de la Bouenza. « C’est le plus beau signe pour la lutte contre le chômage. Il y a trop de chômeurs dans le pays. Chez les jeunes notamment c’est criant », témoigne un habitant de la Bouenza.
« C’est une joie pour nous parce que quand une usine s’ouvre dans le pays, beaucoup de problèmes vont disparaître : les jeunes vont trouver de l’emploi et les paysans seront contents parce que leur production sera (facilement) achetée », dit un autre. « Il n’y a pas un grand rendement quand nous faisons les travaux champêtres. Nous préférons travailler dans une usine comme celle des minerais », raconte encore un autre habitant.
L’usine de polymétaux vient surtout renforcer l’industrialisation de cette contrée qui abrite déjà deux cimenteries tenues par une firme chinoise et le Nigérian Aliko Dangoté.
Afrique Économie - Côte d'Ivoire: quelle place pour l'agriculture biologique?
En Côte d’Ivoire, le Salon de l’agriculture et des ressources animales, le Sara, vient de s’achever à Abidjan. Placé sous le signe de la transition agro-écologique et de méthodes plus respectueuses de l’environnement, ce salon, le plus important d’Afrique de l’Ouest, essaie de mettre en avant des bonnes pratiques. Mais la transition écologique est encore loin d’être dans les mœurs.
Dans les allées du salon, les stands sur la culture de la noix de cajou, de l’hévéa ou de l’huile de palme se succèdent. Un mot d’ordre cette année : la transition agro-écologique.
Dienegou Konde Touré, commissaire générale de l’organisation du SARA : « On a compris aujourd’hui que nous ne devons pas faire l’erreur qu’ont fait les pays occidentaux en utilisant ces produits de façon pas très contrôlée. En tout cas, nous allons dans ce sens pour pouvoir protéger notre environnement et avoir une agriculture beaucoup plus durable. » Et ça passe par quoi ? « Ça passe par l’utilisation contrôlée des pesticides, par la maîtrise de l’eau, par la mécanisation, par l’amélioration des variétés agricoles. »
Dans un stand proche, le Dr Koffi Okona, chercheur en biotechnologie au Centre national de recherche agronomique vante les semences qu’il développe en laboratoire. « Nous ne recommandons pas les pesticides, mais il peut y avoir des conditions où le producteur se retrouve obligé d’utiliser des pesticides, mais sinon au CNRA, on donne le matériel végétal génétiquement au point. De telle sorte que si les conditions sont réunies, le producteur n’a pas besoin d’utiliser de pesticides. »
Mais du côté du Conseil café cacao, si plusieurs programmes en agroforesterie sont en cours, on n’imagine pas une culture du cacao sans utilisation d’intrants chimiques comme l’explique Arnaud Koffi, du service de la communication du CCC. « Ce qu’il faut comprendre dans la culture du cacao, c’est qu’à un certain moment, il y a des insectes qui détruisent soit les chérelles, soit les cabosses qui sont en train d’arriver à maturité. Est-ce qu’on traite pour avoir du cacao de qualité qui sortira de cette production ou on laisse les insectes qui détruisent complètement les plantations. Qu’est-ce qu’on en fait ? Faut traiter ou ne pas traiter ? »
Si aujourd’hui les chiffres concernant l’utilisation de pesticides sont difficilement accessibles, la législation ivoirienne reste souple quant à l’utilisation d’intrants.
Afrique Économie - Les Comores en quête de financements pour changer le visage de leur économie
Avec plus de 40% de sa population qui vit sous le seuil de pauvreté, l’archipel des Comores vient d’organiser à Paris (lundi 2 et mardi 3 décembre) une conférence des partenaires de son développement. Les dirigeants comoriens cherchaient 4,2 milliards d’euros auprès des bailleurs institutionnels et des investisseurs privés, pour financer des projets sur une dizaine d’années. Les promesses confirmées des uns et des autres totalisent 3,9 milliards d’euros, mais si on ajoute le montant des promesses non confirmées à la fin de la conférence, ce chiffre monte à 5,2 milliards d’euros.
La Banque mondiale, qui a accompagné le gouvernement comorien dans la préparation de la Conférence de Paris, s’est engagée à débloquer 175 millions de dollars pour l’archipel, en plus des 90 millions déjà engagés. Il s’agit pour la banque de répondre à l’appel du président comorien à financer le plan Comores émergentes 2030. La Banque mondiale souhaite voir se poursuivre les effets dans l’amélioration du climat des affaires aux Comores. À cet égard, le système financier comorien est encore trop faible. Les banques hésitent à prêter faute de garantie suffisante en cas de non-recouvrement des créances. Il faut donc améliorer le système judiciaire encore trop lent, selon Mark Lundell, directeur des opérations à la Banque mondiale, interrogé par Olivier Rogez.
« Il y a beaucoup de difficultés quand les entreprises ne payent pas. C’est très lent de passer par le système juridique pour avoir un résultat. Cela peut durer 2 à 3 ans. On doit se focaliser sur l’indépendance du système juridique pour diminuer l’incertitude du système financier. »
Le ministre comorien des Finances, Saïd Ali Saïd Chayhane, admet qu’il faut moderniser et donner plus de garanties au secteur bancaire. « On avance petit à petit. Avant c’était un environnement fermé, maintenant c’est ouvert et il y a la concurrence. À l’heure qu’il est, c’est la modernisation des instruments de paiement. Il y a le mobile banking qui a déjà démarré. Effectivement il y a nécessité de revoir la législation. Le tout est compris dans les réflexions qui sont développées au niveau du plan Comores émergentes. Ce sont des travaux qui vont se faire. Certains nécessitent du financement. C’est ce que nous sommes venus mobiliser. »
Gérante d’une agence de voyages basée à Paris, la Comorienne Zalifa Youssouf espère que les projets présentés aux investisseurs à la Conférence de Paris seront réalisés, notamment dans les transports, afin d’améliorer la fréquence des liaisons entre les quatre Îles qui composent l’Archipel.
« Nos clients qui partent d’ici, qui vont à Moroni et qui veulent trouver une correspondance, souvent, ils sont obligés de passer une nuit à Moroni avant de trouver la correspondance pour aller à Anjouan ou à Mohéli. Donc, de savoir qu’il y a plein de projets de constructions aéroportuaires… Nous ne pouvons qu’applaudir. »
Cet enthousiasme pourrait-il être de longue durée ? Est-ce que l’Archipel va réussir à absorber la totalité des fonds promis à Paris et à réaliser les différents projets de développement ? Selon le ministre comorien des Finances, une équipe comprenant des experts, chargée de suivre la réalisation des projets, sera rapidement mise en place.